Profitant du fait que le cadavre est encore chaud, j’ai décidé de m’entretenir aujourd’hui avec mon vieil ami Joey Soprano qui a été intronisé dans le Temple de la Renommée de la Fédération Canadienne de Lutte samedi dernier.
Joey nous parle de ses jeunes années en tant que fan, de la transition vers un rôle de gérant ainsi qu’un survol de toute sa carrière. Bonne lecture!

Monsieur Divertissement: C’était quoi l’importance de la lutte dans la famille Soprano? Est ce qu’elle a toujours été là?
Joey Soprano: Une grande importance, parce que c’est mon père et mon oncle qui m’ont introduit à la lutte.
Mon père allait voir des shows dans les années 60 et 70 au Stade Jarry et le vieux Forum. Ensuite lui et son très jeune frère (Mon oncle qui est juste 9 ans plus vieux que moi) allaient voir Lutte Internationale au Centre Paul Sauvé.
Mon père m’a introduit à la lutte quand j’avais 4 ans, en me montrant une cassette de Saturday Night’s Main Event qu’il avait enregistré la veille. Mon oncle avait une pile de revues de lutte dans sa chambre, lorsqu’il était adolescent dans les années 80.

Mr D: Te souviens tu de la première fois que tu es allé à la lutte?
Joey: En 1988 au Forum de Montréal avec mon père et grand-père. La finale était André Le Géant et Ravishing Rick Rude vs. Jake The Snake et Hacksaw Jim Duggan.

Mr D: Comment tu t’es senti d’être là à 7 ans?
Joey: Comme si c’était Noël hehehe
Mr D: Et ton premier show indy?
Joey: C’était à la RWR (Royal Wrestling Ring) en 1998 à Verdun. Me souviens pu exactement tout ce qui s’est passé durant le show, mais je me souviens que c’est la première fois que je voyais LuFisto et qu’elle s’appelait Lucy Fer.

Mr D: Comment as tu entendu parler de la FLQ au début?
Joey: Le fameux site Lutte Media en parlait souvent. Alors un vendredi soir, durant l’hiver de 2001, moi, mon frère et nos amis Sébastien et Luc on a été voir la FLQ pour la première fois. Après ça on y retournait à chaque vendredi, tellement on a aimé ça.

Mr D: Donc tu as toujours eu ta bande avec toi à la FLQ. Comment êtes vous devenus les IFP?
Joey: Grâce à Claude « The Brain » Toussignant du site AttitudeQc. Il avait assisté à un show pour la première fois et il etait là pour le couvrir pour le site en question, un été de la même année, et a tellement été diverti par nos « calls » dans le show, qu’il nous a approché pour qu’on se trouve un nom de groupe pour qu’il nous mentionne dans sa tribune.
Moi et mon frère on était des grands amateurs de Insane Clown Posse, alors on a eu l’idée pour le nom Insane Fan Posse. C’est la que les IFP étaient nés.

Mr D: As tu des anecdotes en tant que fan? Des insultes favorites que tu aimais lancer aux lutteurs?
Joey: On prenait souvent pour les heels et je sais que les babyfaces nous aimaient vraiment pas à cause de ça. Selon eux, on « fuckait » le show. Avec le recul et étant moi-même dans le milieu maintenant, je comprends beaucoup mieux les frustrations qu’ils avaient envers nous.
Le seul babyface qu’on n’emmerdait pas était Carl Leduc, dû à ses réactions explosives dans le temps hahaha. D’ailleurs je me mettais déjà à côtoyer Paul Leduc. Il nous trouvait tellement hilarant et je sentais qu’il voyait la passion que j’avais pour la lutte. Quand j’y pense, je crois sincèrement qu’il m’étudiait pour m’embarquer éventuellement comme gérant.

Mr D: Comment on t’a approché pour devenir gérant?
Joey: C’est grâce à Luc Bouley, le père a Hyenah et l’oncle à Spike et Sweet Cherrie, et Gemini. Luc a été promoteur pour quelques « spot shows » à Longueuil, en colaboration avec la FLQ.
Mais il était spectateur à la FLQ, puis Gemini qui était gérant à l’époque pour la FLQ, voyait du potentiel en moi pour devenir gérant. Ils ont été plus rapides que Paul Leduc pour me booker et me donner ma première chance.
Un été en 2002, ils m’ont approché avec leur idée de me booker comme gérant. J’étais sous le choc et j’en revenais pas.
Rendu au show en question, Gemini m’a simplement donné un micro et m’a dit de leur montrer aux spectateurs ce que je savais faire. Crois moi, j’avais jamais été aussi nerveux et stressé de même dans ma vie à ce moment là. J’étais inexpérimenté et j’entrais en territoire inconnu.
Mais, rendu sur le ring, aussitôt j’ai sorti mes premiers mots avec micro en main, je me suis instantanément transformé en une personne complètement différente. La foule a accroché et je me sentais comme si j’avais fait ça toute ma vie.
Gemini le savait et il voyait quelque chose en moi que je ne croyais pas existait. C’est alors qu’un « kid » de 21 ans est devenu Joey Soprano et a fait ses débuts à Longueuil, 21 septembre 2002.
Mr D: Ton équipe à gagnée?
Joey: En fait je suis sorti juste à la fin de leur combat pour intervenir, parce que je voudrais préciser que mon rôle était une personne qui faisait partie de la Commission Athlétique du Québec plus qu’un mafioso, pour mettre les bâtons dans les roues de Luc Bouley.
Les SVS l’ont attaqué en début de show en ma faveur. Rendu au match, je fais un « run in » pour intervenir en faveur des SVS, mais ça s’est viré contre nous, l’intervention n’a pas fonctionné et mes SVS ont perdu le combat.

Mr D: Y a t il eu d’autres apparitions pour cette organisation Longueuiloise?
Joey: Oui une deuxième fois, un an plus tard là-bas. Cette fois j’étais plus peaufiné et le Joey Soprano parrain que vous connaissez.

Mr D: Où Joey Soprano a t il fait ses débuts en tant que personnage de gérant mafieux? Et peux tu nous parler de la création du personnage?
Joey: À la FLQ deux mois après ma première apparition à Longueuil. Pendant ce temps là, j’ai pris 2 ou 3 cours de bases avec Carl Leduc, pour apprendre à tomber, me placer et la psychologie de la lutte. Paul Leduc avait adoré ma performance à Longueuil, alors il m’a donné ma chance de performer régulièrement dans sa fédération. La création du personnage vient de moi-même et c’était facile. Je suis d’origine italienne du côté de mon père, l’univers de la mafia m’a toujours fasciné et j’étais un grand amateur de la série The Sopranos.
Donc le nom m’est venu instantanément. Ensuite, je me suis assis avec Carl Leduc qui est devenu mon mentor et coach au fil des années et on a fait du « brainstorming » à propos de savoir dans quelle direction devrait aller le personnage.

Mr D: Peux tu nous raconter comment le Don a été introduit aux partisans de la Fédération de Lutte Québécoise?
Joey: Tu te souviens de « Big Show » Philippe Leclerc? Il occupait le rôle de vice-président de la FLQ et il m’a introduit comme étant son commissaire. Je l’accompagnais pendant plusieurs mois au bord du ring pour l’assister dans les matchs où il était gérant.
J’étais comme son bras droit et acolyte. La raison derrière ça était pour travailler avec un gérant plus expérimenté et Phil m’avait pris sous son aile. Vu mon manque d’expérience, c’était une formation très efficace et selon moi la meilleure forme d’apprentissage pour un gérant. J’ai été chanceux de recevoir ce genre de formation. Très reconnaissant envers Monsieur Show.

Mr D: Et comment ça s’est terminé avec Monsieur Spectacle? Tu n’as pas osé te retourner contre mon bon ami Phil j’espère! C’était un collègue sur le Webzine, évidemment qu’on se connaît héhé
Joey: Hahahaha non, heureusement pour lui. C’est quand-même rare que une alliance ne se termine pas avec une trahison. Il a avait été appointé « booker » de la FLQ et il s’est retiré comme gérant pour se concentrer sur sa nouvelle fonction. Il était devenu temps pour que Joey Soprano vole de ses propres ailes.

Mr D: Comment s’est faite la transition?
Joey: On avait une histoire d’invasion avec la CPW de Hull, où moi et Show on a orchestré l’arrivée de la CPW pour remplacer la FLQ à Montréal.
On a fait un gala un dimanche après-midi en été de 2003, CPW vs FLQ. La FLQ a remporté ça et on a congédié moi et Show. Ce dernier comme j’ai mentionné, s’est retrouvé comme scripteur et moi je suis revenu pour supplier les Leduc de me réengager.
Ça s’est retrouvé en combat où je faisais équipe avec Sexxxy Eddy contre le gérant vétéran Candyman et Ice, qui est aujourd’hui mon protégé à la NWC. La stipulation était que si notre équipe gagnait je redevenais commissaire et si l’autre équipe gagnait, je restais congédié. Et bien, moi et Sexxxy Eddy avions gagné lorsque j’ai moi-même effectué le tombé sur Candyman.
Mr D: Tu étais commissaire et gérant en même temps?
Joey: Exactement et dans d’autres fédérations également. Comme la NCW et la FCL.

Mr D: Comment a débuté ta relation avec ta protégée Malicia?
Joey: Elle descendait souvent de Jonquière les vendredi soirs pour venir voir la FLQ à Montréal, aux alentours de 2004. Cette même année, la FLQ avait fait une tournée au Saguenay (Je n’y étais pas, travail obligeait) et colaborait avec la JCW.
Mali, qui s’entraînait pour devenir lutteuse là-bas, est devenue amie avec nos lutteurs de la FLQ. Ensuite, elle a déménagé à Montréal, on commençait à la booker comme gérante pour nous, je l’ai pris sous mon aile et on l’a fait commencer comme on a fait avec moi, en m’accompagnant au ring pour apprendre. Ensuite on est devenu de meilleurs amis et on se faisait booké ailleurs ensemble, dont la FCL.

Mr D: As tu des histoires intéressantes de cette époque?
Joey: Mettons que 2004 a été une année marquante pour moi. Seulement deux ans dans le milieu et mon nom commençait à sortir un peu partout dans la province. Je commençais à avoir de plus en plus de bookings.
Je me souviens que j’étais extrêmement fier que nul autre que PCO m’avait booké sur son spot show à Saint-Paul-De-Montminy, parce qu’il avait aimé mon travail qu’il a vu un soir qu’il était booké à la FCL sur le même show que moi.

Mr D: Quels sont les moments dont tu es le plus fier dans ta carrière de gérant de lutte?
Joey: Certainement avoir eu la chance, l’honneur et le privilege d’avoir performé à la télévision pour la chaîne RDS2, avec la ToW en 2013. Pour moi c’était une grande sensation d’accomplissement. En plus, mes parents et ma marraine étaient là pour me voir performer en personne pour la première fois. Ils ne pouvaient pas choisir un meilleur moment dans ma carrière que celui-ci pour le faire.

Mr D: Quelles sont les principales promotions pour lesquelles tu as travaillé à part la FLQ, la NCW et la FCL?
Joey: IWS, PWA, NWC, WTA, MWF et plusieurs spot shows. J’en ai peut-être fait d’autres fédérations que j’oublie, j’en ai tellement fait lol!
Mr D: Et tes principaux protégés?
Joey: Les deux qui m’ont été les plus bénéfiques sont Tank et Dru Onyx.

Mr D: Tu peux me raconter de bons souvenirs les impliquant? C’est deux gros bonhommes que j’ai toujours adoré voir en action.
Joey: Je vais y aller avec un souvenir qui implique les deux en même temps. Ça remonte à y a 15 ans, en 2010, les deux s’affrontaient dans une finale à la FCL. Un véritable combat de mastodontes.
Tank était censé se retirer du monde de la lutte, donc il a fait un combat contre Dru qui abordait la gimmick de Soa Amin, un personnage hommage à Abdullah The Butcher.
La stipulation était que si Tank perdait, il devait prendre sa retraite. J’étais dans le coin de Soa et j’ai tout fait pour empêcher Tank de gagner. Le résultat était Soa Amin qui remportait le match, donc retraite pour Tank.
Après le match, la foule lui a remis une ovation et il en a reçu une autre rendue en arrière. C’était la première fois je voyais Tank pleurer, c’était très émouvant. Évidemment les retraites sont quasi inexistantes dans ce milieu et Tank avait juste besoin d’une pause et a effectué son retour par après.

Mr D: Tu as pris une pause de la lutte il y a quelques années avant de revenir en force en 2023. Peux-tu nous en parler?
Joey: En 2017, j’ai pris une longue pause de la lutte, parce que j’étais en dépression et je commençais vraiment à en avoir marre du milieu. Ma vie personnelle n’allait vraiment pas bien et je n’avais plus de plaisir à aller performer chaque week-end.
Tu sais comment on se sent lorsqu’on se réveille le matin des fois, avant d’aller travailler? Des fois on est marabout et on ne veut juste pas y aller. Et bien, j’avais le même feeling les samedi matins lorsque je me réveillais la journée d’un gala, comme si c’était un emploi de 9 à 5.
Heureusement en 2023, j’ai recommencé à y prendre goût, après que mon bon ami au nom de Tom Breton m’a convaincu d’aller voir le Massacre De La Saint-Jean de la NWC et j’ai tout de suite eu en retour la piqûre.
J’allais voir des shows de d’autres fédérations et c’est après que j’ai décidé de contacter Franck Drouin, le booker de la NWC durant cette période et je lui ai manifesté mon intérêt de joindre les rangs de la NWC. Il m’a immédiatement accepté et depuis, j’ai repris plaisir et je me concentre juste sur ça, avoir du plaisir.

Mr D: Et comment on t’a approché pour le Temple de la Renommée?
Joey: Claude Maloon, qui est le booker de la FCL, m’a rejoint par messagerie privée pour m’annoncer qu’ils veulent m’introniser dans leur Temple de la Renommée et comment j’étais important pour la compagnie au fil des années.
J’étais tellement honoré que lui m’annonce ça, surtout que j’ai beaucoup de respect pour Maloon comme gérant et encore plus comme personne, alors j’ai accepté sans hésitations.

Mr D: Tu peux me parler de ce que tu as vécu samedi, de ce que tu as ressenti?
Joey: Hier j’ai ressenti un feeling haut en émotions. J’étais très nerveux et stressé mais c’était de la bonne nervosité et du bon stress. Je ne savais pas quoi m’attendre de la part des spectateurs.
Ça faisait 10 ans que je n’avais pas remis les pieds à la FCL. Tant de choses ont changé là-bas: Nouveau proprio, nouveau roster, nouvelle production et je me demandais si la clientèle avait changé aussi.
Mais lorsque jai traversé le rideau, après que mon bon ami Guil Reno m’avait annoncé, tous mes doutes se sont évaporés lorsque j’ai eu une des plus belles réactions en 23 ans de carrière.
Les spectateurs m’avaient pas oublié et ça m’a fait chaud au coeur. Partager le ring aussi avec Claude Maloon, c’était un plaisir. Il est vraiment un excellent gérant unique et exceptionnel. J’ai senti de la bonne chimie entre nous deux. Cette soirée était parfaite pour l’occasion et elle fait maintenant partie du haut de ma liste de mes plus grands moments.

Mr D: En terminant, à quoi peut-on s’attendre de la part de Joey Soprano pour le futur?
Joey: Être dans le coin de Fred Romeo le plus longtemps possible. Non seulement qu’on a une bonne chimie ensemble, mais j’ai enfin trouvé un protégé à mon image.
J’ai encore bien des années à fournir encore et à 44 ans, je trouve que je suis encore jeune pour le rôle du gérant. La journée que je vais en avoir terminé avec le rôle du gérant pour de bon, je me vois dans les rôles d’annonceur et commentateur.

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