
Quand on me demande pourquoi j’aime autant la lutte, je le sais pas, moi, pourquoi j’aime autant la lutte.
C’est peut-être parce que la lutte professionnelle, ce n’est pas du sport, c’est LE sport. C’est une vocation. C’est la vocation d’entertainer avec une bataille dedans. Une grosse bataille, là, avec du criage, des acrobaties, des lumières pis des managers!
Personnellement, le moment de ma vie où j’ai été le plus à même de négocier un salto, c’est la fois où j’ai falli tomber dans l’escalier chez ma matante…
C’est peut-être parce que la lutte professionnelle, ce n’est pas si faux quand on comprend bien sa nature. Il faut du courage pour mettre littéralement son corps entre les mains d’un homme de sept pieds. Personnellement, descendre l’escalier est parfois un défi, et je préfère encore m’en charger toute seule.


As-tu déjà regardé un « ladder match »? Eux, ne passent pas du point A (au sol) au point B (en haut), ils passent par les points C, D, E, F et ainsi de suite jusqu’à se péter la gueule en tombant. J’ai des vertiges seulement à les regarder se morfondre au milieu des escabeaux. Aucune loi de la physique ni de la logique simple n’est présente dans un ladder match. C’est du théâtre d’été, de l’acrobatie de haute voltige et un spectacle de mimes en même temps.
C’est peut-être aussi parce que la lutte professionnelle, ce n’est pas si faux quand on voit les cicatrices sur le front des premières générations de lutteurs et les fractures de côtes de chacun.
C’est peut-être parce que la lutte professionnelle, c’est sérieux; sinon, ils n’installeraient pas autant d’éclairage et ne vendrait pas les billets aussi cher que ceux de Madonna. La lutte professionnelle, c’est vraiment du sérieux: ils font très attention quand ils plient des bras en quatre, qu’ils frappent des jambes et des reins… Les lutteurs qui ne prennent pas gare sont exclus des rings. As-tu déjà regardé un ou deux « not aired show »? Tout le monde a un air plus sympathique mais ils s’acharnent l’un sur l’autre avec autant d’attention et on y croit. Eux, ils doivent en plus penser à protéger les têtes et mesurer autant qu’ils le peuvent la chute du dos sur l’arête des marches (hihihi). Ce sont souvent des amis, mais parfois des inconnus. Te chicanerais-tu avec n’importe qui toi? Même juste pour le fun?


C’est peut-être parce que la lutte professionnelle, c’est un combat d’athlètes insoumis qui se sont parfois d’abord lancés dans une carrière moins saugrenue: The Macho man était un excellent joueur de baseball et il sprintait aussi sur le ring, The Undertaker était basketballeur et c’est pour ça qu’il se targuait parfois d’être The Flying Taker et qu’il a autant épaté en se lançant dans les airs. Sheamus quant à lui a été le bodyguard de Bono. HAHAHAHAHAHAHAHAHA! Bono!
C’est peut-être parce que la lutte professionnelle, c’est une chorégraphie de gymnastes trop lourds synchronisée et esthétique. Pis moi, j’aime la danse. C’est toute! Même si j’ai jamais réussi à faire la roue et encore moins un salto arrière, je suis très loin de Suplex City. Et, soyons francs, d’entre tous, celui qui rebondissait le mieux, c’était Bam Bam Bigelow. Quand les autres dansent, ils entendent « un deux trois quatre un deux trois quatre», moi, j’entends Bud Spencer « Big Boum Crac Paf Big Boum Crac Paf ».
C’est peut-être parce que la lutte professionnelle, c’est parfois un film d’horreur: d’ailleurs, dès que j’ai vu HHH, il a fait partie de mes cauchemars le lendemain. Et il y a The Boogeyman, Vader…
C’est peut-être parce que les lutteurs professionnels, ce sont des X-men. Sans-au-cun-dou-te. J’avais peint le visage d’une de mes Barbies comme l’Ultimate Warrior et c’était la plus forte. Mais ni elle ni moi ne nous sommes jamais battues: mes amies faisaient fuir leur Barbie et me fuyaient ensuite dans la cour d’école. Vive la lutte!
C’est peut-être parce que la lutte professionnelle, c’est le DSM-IV en action devant nos yeux : la consommation et la surconsommation, les problèmes psychologiques, de gros egos, les chicanes de couple, la révolte contre l’autorité… Je me demande entre les personnages de Dean Ambrose ou de Jeff Hardy, lequel a le plus de problèmes… et si leur personnage a réellement plus de problèmes qu’eux. Des fois, aussi, on aurait envie de lancer un sofa à HBK et The Hitman pour qu’ils règlent leur chicane. Enfin!


C’est peut-être parce que la lutte professionnelle, c’est un film, aussi, découpé en séquences qu’on regarde comme une télésérie. Si on me demande qui est mon acteur préféré, je te répondrai que c’est Hacksaw Jim Dugan. Mais ça compte peu, parce que mon humoriste préféré, c’est Claude Barzotti.
C’est peut-être parce que la lutte professionnelle, c’est parfois aussi une téléréalité. Si les matchs entre The Undertaker et Brock Lesnar sont si bons, c’est probablement parce que l’un d’eux couchait avec la femme de l’autre! Par ailleurs, il faut voir fameuse photo d’une douzaine de lutteurs-amis bien assis dans une montagne russe, ou la photo de The Rock qui joue au Nintendo 64 avec Mankind pour comprendre que si on peut feindre une comédie, on peut beaucoup plus difficilement faire croire en l’amitié.
Pourquoi j’aime tant la lutte?
C’est peut-être parce que Shane MacMahon est mort plus souvent que Paul McCartney, ça, c’est du scénario! … parce qu’il a agressé plus de gens publiquement que n’importe qui sans jamais devoir s’en justifier? J’hésite…
Savais-tu que Ron Van Dam avait mis les pieds sur un ring à ses 16 ans? Ted Dibiase lui a demandé de lui baiser les pieds pour recevoir de l’argent en échange de cet « humiliating act ». Sacré Million Dollar Man!
C’est peut-être parce que la lutte professionnelle, c’est drôle: As-tu déjà vu The Undertaker avec une moustache? Avec une permanente? Avec une perruque? Il faut ABSOLUMENT que tu ailles écouter quelques bloopers ou autre « saving moments » comiques sur YouTube. Vite! Dépêche-toi de finir de me lire!


C’est peut-être parce que la lutte, c’est encore plus cool depuis que les divas sont là, elles s’assument, elles sont magnifiques et de toutes les tailles (ou presque… ou presque). Ma préférée, c’est Tamina Snuka. Pis ça m’a pas du tout dérangée quand on m’a dit que Kana me ressemblait.
Pourquoi j’aime autant la lutte?
…peut-être parce que je mesure cinq et un? …peut-être parce que j’ai déjà mangé une claque su’à gueule? …qui sait?
Savais-tu ça, que Sting est féministe? Ben oui, toi! Il suffit de regarder son match avec The Macho man pour s’en rendre vite compte.
C’est peut-être parce que la lutte professionnelle, c’est émotif. Pour les lutteurs et pour les spectateurs. Le visage en larmes de Chris Benoit quand il est devenu Le champion mondial des poids lourds sait m’émouvoir. Ce n’est plus une caricature d’un faussement actuel gladiateur, c’est le visage de la réussite à l’apogée d’une carrière. Mais oubliez ça, j’ai pas le droit de dire que j’aimais beaucoup Chris Benoit. J’oublie souvent. Probablement parce que, tsé, hein… Pffffff…


D’ailleurs, si vous croyez encore que les lutteurs professionnels n’ont pas d’émotions, je souligne ici le journal de Chris Benoit. Il a commencé à l’écrire une dizaine de jours après la mort d’Eddie Guerrero, son ami le plus cher – et il le lui adresse d’ailleurs. Il y résume sa chute, y parle son désespoir et y relate ses difficultés pendant les onze jours avant de commettre deux meurtres et d’opter pour le suicide. Savais-tu que, toute proportion gardée, les lutteurs se suicident autant que les dentistes? (Changeons de sujet, ça presse!)
Mais là, j’oublie encore que j’ai pas le droit de parler de C.B.
Quand j’écoute le hockey, j’ai beau me concentrer, y’a des moments pendant lesquels chu perdue pis là, woup!, je catche où recommencer à regarder. Quand j’écoute le baseball, j’ai pas besoin de me concentrer, y’a même des moments pendant lesquels ils ont l’air complètement perdus. Quand j’écoute le soccer… laissez faire, j’écoute jamais le soccer. Quand j’écoute la lutte, même si je me concentre, y’a des moments pendant lesquels je sais pas pentoute ce que je vois pis là, woup!, je catche pis je me dis : « Ok! C’était un mollet! » ou « Ok! C’était leurs épaules! ». (Y’existe-tu, sur la terre, quelqu’un capable d’expliquer le football à un autre humain convenablement et qui pourrait faire en sorte que je catche kek’chose? Merci.)
Pourquoi j’aime pas le soccer? Parce que.
Si j’écoute les jeux olympiques? …seulement le patinage artistique, touttes les disciplines aquatiques, le bobsleigh (méchante gang de malades!), les gens qui volent en skis, et les gens qui revolent en ski. Mais on s’en fiche pas mal, c’est toutte arrangé, mais pas comme la lutte!
Bon!
Pourquoi j’aime autant la lutte?
La lutte professionnelle, c’est de la politique. Vince MacMahon, c’est Donald Trump. Il n’avouera jamais qu’autant de lutteurs meurent, qu’il aime autant l’argent, qu’il se prend pour un dieu… qu’il n’y arriverait jamais s’il était seul.


Ok, j’arrête. Je vais seulement écrire que sont morts trop jeunes Art Barr, The Renegade, Lou Albano, Adrian Adonis, The Nature Boy Buddy Landell, Kerry & David & Mike & Chris Von Erich, Gino Hernandez, Hawk, The Wall, Joey Maggs, Jay Youngblood, Brian Pillman, Junk Yard Dog, Roddy Pipper, Dusty Rhodes, Jimmy Snuka, Rick McGraw, Davey Boy Smith, Chyna, Chris Candido, Owen Hart, Shean O’Haire, Trent Acid, Crash Holly, Test, Yokozuna, Umaga, Bertha Faye, Mr Perfect, Doink, Giant Gonzalez, Eddie Gilbert, Buzz Sawyer, Louis Spicoli, John Kronus, Rick Rude, Johnny Grunge, Pitbull, Bobby Duncum Jr……. entre autres!
La lutte…!
C’est peut-être parce que j’avais « connu » Cindy Lauper et Kiss grâce à la WWF et j’ai « connu » Johnny Knoxville, Tom Green, David Arquette, Snoop Dog un peu plus tard en aimant trop la lutte même si mes parents refusaient que je l’écoute (j’allais donc l’écouter chez mes cousins).
D’ailleurs, mes cousins me connaissent pas vraiment. Ils répètent seulement que je suis « un peu bizarre, mais gentille ». Bizarre, probablement parce que j’aimais la lutte. Gentille… Hum… J’aurais préféré être une méchante mais j’étais pas capable parce que je partais à rire dès que j’essayais de me plisser le front.


J’attends encore avec impatience les Slammy Awards chaque année. Mais je regrette d’avoir acheté les Wrestling Albums I & II.
Si j’ai des matchs à te conseiller? Batista contre Daniel Bryan, le Wrestlemania 25, le « canadian screwjob » (pour sa conclusion avec un Bret Hart en beau tabarnak qui prouve que la ligne est mince entre la réalité et la fiction, entre la réalité et la friction)… sinon, laisses-toi tenter.
Et juste comme ça, pour le plaisir de le souligner, les lutteurs professionnels n’ont jamais eu peur de porter du rose.
Man! …du rose!
Même moi, je porte pas de rose…
J’aime ça, la lutte, mais je sais pas trop pourquoi.
Pourtant, les lutteurs, je les ai tous détestés. À chaque fois qu’un nouveau arrive, y’a un vieux qui s’en va.
Les lutteurs, je les ai tous finalement appréciés.
À chacun ses talents. Pis des fois, ces talents-là sont hot!
Moi, par exemple, je suis sûre que je clanche aussi Hulk Hogan à Tétris.
…mais c’t’une autre histoire.
T’as-tu touttes écouté les Dark Side of the Ring?
Pourquoi j’aime Tétris?
Ben là! Facile : c’est parce que c’est Tétris!

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