Ce texte fut écrit en mars 2020. Il est tout à fait scandaleux qu’il fut réduit au néant, le voici donc de retour!
On est en 1993. J’ai douze ans. Je regarde la lutte le samedi midi en anglais au 11, et la reprise en français le lendemain. J’aimais tellement la lutte que je regardais la même émission deux fois. Il faut dire qu’on avait pas accès à environ 20h de nouveau contenu à se mettre sous la dent. C’était les Superstars de la WWF, une émission ayant souvent dans la finale de flamboyants athlètes tels que l’Homme de la Méduse (???) Aldo Montoya ou le mystérieux lutteur oriental Kwang! Le reste des combats mettaient en vedette nos favoris contre des lutteurs anonymes qui ne gagnaient jamais. Pas super comme contenu, mais c’était ça ou rien. Je n’avais pas encore découvert la WCW.
Raymond Rougeau était maintenant commentateur à RDS en compagnie de Jean Brassard. Une nouvelle équipe fit son apparition sur mon écran un bon matin. Elle mettait en vedette l’autre moitié des Fabuleux Frères Rougeaux, Jacques, et son nouveau partenaire, un certain Pierre. Ils étaient habillés comme le précédent personnage de Jacques Rougeau, le Mountie, mais sans chapeau.
On avait jamais vu ou entendu parler de Pierre. C’était un jeune lutteur très agile au gabarit imposant. Il avait une bonne bedaine, mais faisait toute sorte de prises spectaculaires. Un peu comme Kevin Owens ou Keith Lee présentement à la WWE. C’était beau à voir. Surtout la Tour Infernale! Il s’agissait d’un saut boulet de canon de Pierre assisté par Jacques. Sans oublié la descente de la cuisse du troisième câble du gros Pierre alors que Jacques maintenant son adversaire dans le crabe de Boston. Et la guillotine! Toutes les manœuvres à deux qu’ils effectuaient avec un nom que je trouvais super chouette.
Et en plus, ils étaient champions du monde par équipe! Ils étaient donc, par conséquent, mes préférés! Et ce, même s’ils étaient des vilains. Ce qui, pour un petit gars de douze ans comme moi qui avait toujours aimé les lutteurs qu’on était censé aimé, était une première! Mais pourquoi donc me demanderez-vous?
Simplement parce qu’ils étaient Québécois? Oh que non! Sinon j’aurais été un grand fan du Modèle Rick Martel et de l’homme fort Canadien Dino Bravo. Mais non. Quand j’ai loué WrestleMania XI vers l’âge de 10 ou 11 ans, durant le combat Dino contre Monsieur USA en personne, Jim Duggan, moi je prenais pour Hacksaw!
Mais là, c’était différent. J’ignore si vous êtes capable de déchiffrer correctement ce qui est écrit dans la photographie de l’article que j’ai trouvé dans un de mes vieux magazines, mais Pierre répond aux questions en français. Et au tableau, c’est écrit, toujours en français : « Gagner honnêtement ou gagner en trichant, l’important c’est de gagner! »
Pour un petit gars de treize ans qui ne parle que quelques mots d’anglais, c’était vraiment chouette de voir un gars comme Pierre qui était fier d’être francophone et qui refusait de parler anglais. Comme moi, il ne maîtrisait pas encore très bien la langue de Shakespeare.
Hiver 1994, je loue une vidéocassette du nom de Monday Night RAW Prime Cut. Il s’agit des meilleurs moments d’une nouvelle émission de lutte. J’ai enfin pu voir comment mes Quebecers sont devenus champions par équipe! Ils ont vaincu les Frères Steiner lorsque Big Poppa Pump s’empara du bâton de hockey du gérant Johnny Polo et frappa notre Jacques national avec. Gagner les ceintures par DQ? Voyons donc.
Il s’agissait d’un combat exceptionnel. Les Quebecers négocièrent et réussirent à obtenir un combat Province of Quebec Rules, type de combat dont on n’a jamais entendu parler avant ou depuis. Il fut stipulé que le marteau pilon est bannit, monter sur le troisième câble illégal, il est interdit de projeter son adversaire par-dessus la troisième corde et les titres peuvent changer de main à cause d’un décompte extérieur ou d’une disqualification. On avait des drôles de règlements dans ce temps là au Québec.
Le coup de bâton de hockey, que Scott avait utilisé seulement pour se défendre, causa la défaite des bons gars. Les champions se sont fait voler leurs ceintures! Les tricheurs célébraient. Raven, le gérant les Québecers, portait un gilet du Canadien et s’exaltait comme s’il venait de gagner la coupe Stanley. On imagine mal la même chose en 2020.
J’étais si content. Car, comme j’avais lu dans le magazine, l’important n’était pas la manière dont on gagnait, mais uniquement le fait de gagner.
Nos lutteurs québécois venaient de vaincre une des meilleures équipes de lutte de tous les temps, bien supérieur à eux physiquement, grâce à leur intelligence! Et honnêtement, pour un jeune grassouillet un brin brillant comme moi, c’était très encourageant! Je ne serais jamais le plus rapide ou le plus fort, mais je pouvais quand même gagner si j’étais plus rusé que mes adversaires! Une belle leçon à retenir.
Ils ont ainsi vaincu mes favoris, les Frères Hart, par forfait au Royal Rumble 1994 en s’attaquant sans relâche à la jambe blessée de Bret. Les Quebecers ont également gardé les ceintures à WrestleMania X contre Men on a Mission après une disqualification. Des fins merdiques il faut l’avouer.
Mais ils étaient toujours champions. Et quel bel exemple de travail d’équipe quand Jacques et Pierre unirent leurs forces pour effectuer une superbe souplesse arrière sur le gigantesque Mabel en pyjama!
Malheureusement, comme évoqué dans mon texte précédent, la belle histoire des Quebecers prit fin abruptement quand ils perdirent leurs titres par équipe face aux Headshrinkers. La bisbille s’installa entre les deux camarades. Le tout se solda par un combat à guichet fermé au Forum de Montréal.
Il y eût ensuite réconciliation, un retour à la WCW sous le nom The Amazings French-Canadian.
Rien à signaler de ce côté à part le gala que Jacques organisa lui-même afin de se mettre en finale et vaincre la plus grande vedette de lutte de tous les temps.
Puis il y eût un autre séjour à la WWF sous le nom des Quebecers en 1998. Leur costume était pas mal moins chouette. Des maillots noirs avec des petites fleurs de lys bleues et des feuilles d’érable… Pierre avait gardé son œil de pirate de son personnage précédent, le pirate Lafitte. Rien à signaler encore une fois, à part le combat brutal de Pierre-Carl contre Docteur Death Steve Williams lors du controversé tournoi Brawl for All.
Mais le séjour à la WWF de 1993 à 1994, quelle aventure! Ça a transformé ma vision de la lutte à jamais. Mon appréciation des méchants commença et le petit frère de l’autre, Owen, devint rapidement mon favori de tous les temps! Mais ce sera pour une autre fois.
Si je peux résumer ça en une phrase, PCO était mon modèle quand j’avais douze ans, et il l’est encore aujourd’hui! Même s’il n’est plus champion du monde… C’était scandaleux! Avez-vous vu ça? RUSH a osé profiter d’une tricherie de Nick Aldis pour gagner! Je n’en reviens pas! Karma? J’espère avoir la chance de revoir PCO à Toronto le 7 mai en tant que champion du monde NWA! Pour finir, le thème des Quebecers que nous égayer un peu en ces temps apocalyptiques.
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