
Comme la plupart d’entre vous, je ne manquais jamais l’émission qui suivait le Mini-Putt à RDS le dimanche matin.
J’étais un si grand fan de lutte que je regardais tout d’abord l’émission des Superstars de la WWF en anglais sur CFCF 12 ( au canal 11) le samedi midi et le lendemain matin en version française avec nos meilleurs Raymond Rougeau et Jean Brassard! Un duo parfait! Raymond était tellement crédible en tant qu’ancien lutteur alors que Jean apportait une belle touche de folie que j’ai toujours apprécié au plus haut point.
Grâce à la magie des Réseaux Sociaux, je suis en contact avec Monsieur Brassard depuis quelques années déjà.
J’ai récemment eu l’honneur de discuter avec cet excellent comédien (qu’on a pu voir des des projets aussi divers que Diva avec Caroline Néron et Blacklist avec James Spader) de sa carrière dans le monde de la lutte et je suis très heureux de vous présenter cette sublime entrevue!

Monsieur Divertissement: Comment avez-vous entendu parler de l’entrevue pour co-animer une émission de lutte avec Raymond Rougeau? Étiez-vous ou avez-vous déjà été un amateur de lutte professionnelle?
Jean Brassard: Un agent de pub m’a simplement envoyé sur une audition, me disant que c’était pour une chaîne de sport française, pour un annonceur sportif. Arrivé sur place, il y avait une feuille de notes demandant de parler des “tatous de Bam Bam Bigelow et de sa nouvelle manager, Luna Vachon”.
Je suis entré à mon tour et leur ai dit que je n’avais aucune idée de ce dont il s’agissait. “Nous sommes la WWF (à l’époque) et on a un match de 3 minutes qu’on aimerait vous faire commenter.
J’ai dit que je ne connaissais rien à la lutte. On m’a répondu que ce n’était pas grave, de “décrire ce que je voyais”. Je faisais beaucoup d’impro à ce moment-là et je me suis laissé délirer. Je suis sorti convaincu que ça n’irait pas plus loin que ça.
Deux semaines plus tard, on m’a invité avec 10 autres gars, des français, parce qu’il cherchait un Européen pour balancer le québécois Rougeau. J’avais l’habitude de prétendre pour des voix hors-champs.
Dans le studio avec Raymond, j’étais certain qu’il allait découvrir le subterfuge, mais non, ça a passé. Ouf! On a improvisé devant les caméras, puis en studio audio et clairement, à ma grande surprise, j’ai commencé à travailler avec eux en mai 1994.

Mr D: Comment se fait-il que votre accent français était si crédible? On y croyait tous!
Jean: Parce que j’ai toujours eu une bonne oreille pour les accents, une chose que les chanteurs ont aussi souvent, parce que les accents sont très musicaux. Et puis j’ai lu beaucoup de littérature française, le théâtre français, vu de films français, écouté de la musique française quand j’étais jeunesse, dans les années 60-70.
Mr D: J’ai entendu dire (j’ignore si c’est fondé) que vous êtes natif de Shawinigan?
Jean: Shawinigan? Pas du tout. Je suis né à Beauport, en banlieue de Québec ai j’ai grandi à Charlesbourg, tous deux faisant partie de la ville de Québec. Nous habitions la dernière maison dans le cul-de-sac d’un nouveau dévelopement. C’était mi-banlieue, mi-campagne puisqu’il y avait deux fermiers d’un côté avec vaches et chevaux et des grands beaux champs.
Shawinigan… allons donc! 🙂 — Par contre, mon père vient de Chicoutimi nord et ma mère elle, de la basse-ville de Québec, Notre-Dame-de-Grâce!

Mr D: Quand on vous a offert la chance de travailler avec Raymond Rougeau, avez-vous vu ça comme un boulot comme un autre?
Jean: Je n’ai pas considéré ça comme une chance de travailler avec Raymond Rougeau car je ne connaissais vraiment pas l’ampleur de son parcours de carrière. Le nom des Rougeau demeurait pour moi un souvenir d’enfance, quand je regardais parfois la lutte avec mon grand-père les samedis matins à « Sur le matelas » lorsqu’il habitait chez nous. Mais dès l’instant où je l’ai rencontré, c’est son attitude hyper sympathique qui m’a tout de suite me faire sentir à l’aise.
Rien dans cette offre de contrat a été de l’ordre d’un boulot comme un autre. J’étais en fait déconcerté d’entrer dans un monde qui m’était à la fois étranger et étrange et j’étais surtout inquiet de voir comment j’allais m’y prendre pour acquérir de la crédibilité dans ce milieu que j’avais sous-estimé en partant, n’ayant aucune expertise dans ce domaine.
Mais alors que petit à petit je gagnais en confiance, avec la grande aide de Raymond pour me guider dans le processus, j’ai assez vite réalisé l’ampleur du potentiel offert par ma nouvelle job et ce que mon parcours à moi ainsi que ma personnalité pourraient amener aux téléspectateurs.
J’ai à travers tout ça aussi gagné beaucoup de respect et pour les fans et pour les professionnels qui œuvrent dans cet univers.

Mr D: En tant que jeune fan, vous me faisiez énormément rire avec les choses absurdes que vous pouviez sortir de nulle part. Est-ce qu’il y a une phrase complètement sautée qui se démarque des autres dans votre esprit? Je peux vous en trouver des exemples au besoin, j’ai un ami qui adore vous citer.
Jean: La seule expression qui me vient à l’esprit qui était des plus loufoques et que j’ai repris même pour en donner le titre à une chanson hommage à la lutte est: Quelle épique époque opaque!

https://m.youtube.com/watch?v=HQzd5uZx-tk
(Note de l’éditeur: J’ai personnellement trouvé la chanson très impressionnante: Monsieur Brassard a tous les talents! C’est super entraînant et ça parle de lutte, vous allez adorer!)
Jean: Il me ferait plaisir d’en lire d’autres que vous et vos amis avez gardées en mémoire.

Mr D: En voici quelques-unes de mon copain Félix (Salade d’Endives):
ÇA VA FAIRE ZIP DANS LA SOUPE !
Au Royal Rumble 1996, en parlant de Zip des Body Donnas.

Raymond : Mais pourquoi on l’appelle « Le Mercuriel » ce cher Marc Mero?
Jean : Hé bien… C’est parce ce que quand le mercure lui monte à la tête, ça fait des EXPLO-SIONS!!!

Félix: J’ai bien aimé aussi quand ils parlaient du Clothesline from Hell de Bradshaw.
Ray : Le coup de la corde à linge PROVENANT DU GOUFFRE!
JEAN (Avec un ton grave) : Oui Raymond…. Des profondeurs!

Jean avait fait une promo de Slam Jam où il était assis sur le trône du King of the Ring et chantait (en mangeant des raisins) : « Haha, c’est moi le roi et Raymond ne l’est pas. »
Jean: En ce qui concerne les citations d’humour, oui je me souviens de quelques unes mentionnées. Celle-ci « Haha, c’est moi le roi et Raymond ne l’est pas » est sur mon démo WWF d’ailleurs que vous avez sans doute vu…

Mr D: On sait que la WWF a cessé de diffuser en français à la toute fin des années 90 sur RDS et en Europe, mais on a eu la chance de ravoir notre duo de commentateurs préférés près de 20 ans plus tard grâce aux événements premium du WWE Network! Comment s’est passé ce grand retour? La lutte devait être tellement loin pour vous à ce moment là.
Jean: Le retour au travail était un vrai cadeau du ciel. Bien des choses avaient changées. Ce n’était plus la WWF mais bien la WWE. Raymond et moi nous étions vus je pense deux fois depuis 1999, en France. D’avoir eu l’occasion de revenir au boulot ensemble nous a fait réaliser le privilège que c’était de s’assoir derrière nos micros et de nous laisser aller ensemble. Un grand bonheur puisque lui et moi nous sommes toujours bien entendus et j’ai toujours senti qu’on était deux surfeurs qui s’entrecroisent sur les vagues de notre divertissement sportif préféré.

Jean: Le nouveau contrat était bien différent aussi. Plus de shows hebdomadaires en studio, seulement les PPVs sur la route. Un horaire qui me convenait absolument. La grande surprise au final, et une très belle, c’est que nous nous retrouvions tout à coup avec toute une bande de commentateurs internationaux et tous des gars (oui, encore juste des gars) hyper sympathiques. Bien sûr, il a fallu pédaler un peu pour se remettre dans l’affaire, connaître les nouveaux lutteurs et lutteuses. Quel plaisir de voir combien la division féminine était amplifiée. L’atmosphère en coulisse était aussi plus conviviale, plus mélangées entre tous les départements, beaucoup amical. Il n’y avait qu’une chose à faire avec tout ça: en profiter au max, ce que j’ai fait à 100%!
Encore une fois, ça a été triste de perdre ce contrat à nouveau pendant la pandémie. Mais je n’ai que de bons souvenirs dans cette folle épopée à laquelle j’ai eu la chance de participer.

Je remercie chaleureusement Jean Brassard d’avoir accepté de répondre à mes questions! Je vous avoue que c’est surréel pour moi d’avoir pu discuter ainsi avec l’un de mes héros d’enfance!
Jean étant la gentillesse incarnée, toute l’équipe du Divertissement Sportif Point Québec se joint à moi pour lui souhaiter tout le succès qu’il mérite dans tous ses futurs projets!
Vous pouvez suivre Jean grâce à son site internet:
Et sur YouTube:
https://m.youtube.com/@jeanbrass
Vous pouvez également le suivre sur Facebook (Jean Brassard) et sur InstaGram @jean.brassard1!


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